L’Eglise de Thil
Il était…il y a longtemps, l’église de THIL.
L’église de THIL constitue, très certainement, le monument le plus ancien de la commune, bien qu’il soit difficile de dater, avec précision, l’époque de sa construction.
La première trace que l’on relève d’une église à Thil remonte en l’an 1246.
le 1er mai de cette année là, le seigneur Raymond Jourdain, comte de L’Isle et seigneur de Thil, octroyait au » Castrum de TILLIO ET BREZ » une Charte de Coutumes qui restera en vigueur pendant près de six siècles. Dix ans plus tard, cette charte fut confirmée en présence de » Guillaume de Auxio, chapelain de Thil « .
La charte stipule que » Jourdain de L’Isle a reçu le serment de fidélité des consuls et des habitants de ce lieu, se trouvant en l’église Saint Martin du dit Château de Thil »
Il est peu probable que cet antique édifice consacré soit celui que nous connaissons, consacré, lui, à Saint Laurent (bien qu’en 1741, on parle encore de Saint Martin à Thil!).
Sur la construction de l’église actuelle, il n’existe aucune source écrite connue.
Toutefois, en fonction du style architectural et par analogie avec d’autres églises voisines, on peut la faire remonter aux XIVème ou XVème siècle. Il est évident que, dans le cours du temps, de nombreuses réparations furent effectuées, mais sans altérer l’aspect général du bâtiment,
Les guerres de religion
Durant les guerres de religion qui désolèrent la contrée dans la seconde moitié du XIVème siècle, la plupart des églises eurent à souffrir de la fureur des religionnaires, comme on nommait les réformés. A Thil, le bâtiment fut épargné mais il n’y avait plus ni vitres, ni meubles, pas une seule armoire ni un seul banc . Le vent entrait par les ouvertures béantes et les chapelles étaient en très mauvais état.
Suite à l’effondrement d’un contrefort (dont la base seule existe encore rue de l’église), il est probable que la voûte en briques surplombant l’autel s’effondra. Elle fut, plus tard, reconstruite mais en trompe l’oeil, plâtre et lattis de bois.
Avec le » bon roi Henri « , la paix revint peu à peu mais les ressources de la communauté étaient faibles et les travaux se réalisaient très lentement par manque de moyens.
En1703, le pignon du clocher s’écroula, écrasant les deux chapelles terminales.
On le rebâtit à l’identique, avec les mêmes matériaux mais la nef fut raccourcie.
Le XVIIIème siècle paraît marquer un accroissement de la prospérité. De cette époque, date le magnifique rétable, la grille d’autel en fer forgé et la superbe chaire offerte en 1743 par Claudine Le Mazuyer, Marquise de Montaigut dont la famille possédait la seigneurie de Thil. Le majestueux pélican aux ailes déployées qui la surmonte rappelle les armes des Le Mazuyer » D’azur au pélican d’or « .
La révolution fit subir de rudes épreuves à nos églises, dépouillées de leurs trésors, il ne fut laissé qu’une seule cloche, les autres ayant repris le chemin de la fonderie.
Transformées en temples de la Raison (1794) puis fermées pendant des années, ce n’est qu’après le Concordat de 1801 qu’elles furent rendues au culte. De nombreux dons vinrent alors réparer les outrages des années terribles. L’actuelle porte d’entrée fut

réalisée en 1828 sur un devis dressé par Dunay, menuisier du lieu. Construite en chêne, avec tous ses accessoires de serrurerie et d’encadrement, elle coûta 180 francs.
Furent aussi, réalisés des travaux pour vitrer les croisées (1820), construire des bancs (1817). En 1848, le pignon fut fendu par la foudre puis réparé.
Nous touchons à l’époque moderne où, à côté de l’aspect cultuel qui relève de la conscience de chacun, apparaît de plus en plus l’intérêt social et historique de tels monuments.
C’est à ce titre qu’il faut souhaiter que la rénovation de cet édifice, aujourd’hui enlaidi, par un ciment triste et un affligeant badigeon puisse être menée à bien.
C’est une lourde tâche qui prendra de nombreuses années, que nous souhaitons voir s’accomplir pour que soit préservée l’âme de notre village.
Michel Comby