Une querelle féodale au Moyen-Age
La bataille de Launac
Comme son nom ne l’indique pas, cette bataille eut lieu sur le territoire de Thil au lieu dit « Le Palot ». Elle porta dans l’histoire le nom de Launac en raison de la proximité de l’ancienne place forte, démantelée après le traité de Paris de 1229 (le château actuel n’a été construit que plus tard, au XVème siècle).
Vers la fin du XIIIème siècle, pendant que les rois de France disputaient âprement aux Anglais la possession de la Gascogne, une querelle opposa deux grandes maisons du midi, Foix et Armagnac.
Gaston Phoebus
Gaston VII de Béarn avait à sa mort en 1290, laissé le Béarn à sa seconde fille Marguerite, mariée en 1252 avec l’héritier du comte de Foix, Roger Bernard III. Mais sa troisième fille, Mathé, veuve depuis1825 de Gérard VI comte d’Armagnac, refusa d’approuver les clauses du testament paternel. Son fils, Bernard VI, envahi le Marsan et Roger Bernard de foix entra en campagne pour défendre ses droits. Telle fut l’origine de la querelle entre les deux maisons, qui devait se poursuivre durant tout le XIV ème siècle. Pendant 89 ans cette guerre civile allait ajouter aux malheurs de la guerre étrangère.
En 1343, le vicomte de Béarn Gaston II, chef de la maison de Foix, mourut à Séville dans une expédition contre les Maures. Son héritier, le jeune Gaston III, plus tard surnommé Phoebus à cause de sa beauté, se mit un instant au service de la cause anglaise. On le vit aux côtés des Godons, (déformation du juron anglais Godamn) semer la désolation dans les terres de ses voisins. En 1360, il fit la paix avec le roi de France, moyennant 200 000 écus levés sur le Languedoc, mais il avait gardé toute la haine qu’il portait au comte d’Armagnac. En dépit d’une trève signée à Morlaas (1) « sur le corps même du sauveur » en 1362, le comte d’Armagnac envoya un défi à son ennemi; celui-ci releva le gant, tous deux ayant une égale envie de se mesurer.
La bataille de Launac
La rencontre eut lieu sur le territoire de Thil, le 5 décembre 1362. Le seigneur de Thil, Jourdain IV de l’Isle y participa dans le camp de Foix, selon une majorité d’historiens? Son fils Bertrand, agé d’une douzaine d’année, aurait assisté au combat. Alliés aussi de Phoebus, les vicomtes d’Astarac et du Couserans ainsi que de redoutables routiers navarrais. Dans le camp d’Armagnac, qui avait l’avantage du nombre, le comte de Comminges, le vicomte de Fezensaguet, et plusieurs seigneurs d’Albret. Gaston Phoebus choisit de prendre position sur un monticule où il se retrancha. Comme à Crécy ou à Poitier, l’avantage du nombre fut impuissant devant une forte position où tous les assauts se brisèrent. « Les morts couvraient la plaine » dit la chronique, et la victoire resta bientôt aux mains de Phoebus, qui fit 900 gentilhommes prisonniers, dont il tira plus tard d’énormes rançons. Le comte d’Armagnac lui même, qui, après la défaite, s’est caché dans un bois voisin, fut pris et conduit à Foix où sa rançon fut fixée à 300 000 florins qu’il eut le plus grand mal à payer. La paix fut jurée à Foix, en présence du nonce, du pape, et de l’ambassadeur de France; les deux ennemis s’engageaient à maintenir entre eux une paix « bonne, amicale, ferme, stable et permanente ». En signe d’alliance, ils échangèrent « un baiser mutuel ».
En dépit de cette réconciliation de façade, la guerre repris bientôt, et ne s’acheva qu’en 1379 par une sentence arbitrale du Duc d’Anjou, lieutenant du roi de France qui mit fin à un conflit qui avait fait couler beaucoupde sang et accumulé bien des ruines.
Michel Comby
(1= Morlass située près de Pau fut capitale de la vicomté de Béarn. elle possédait un atelier monétaire dans le château de la Hourtie. la monnaie Morlane eut une grande vogue, même en dehors du Béarn pendant tout le moyen-âge.
Bibliographie ;
Histoire de la Gascogne de L. Puech, L’isle Jourdain par R. Bourse et G. Laborie——Histoire de Thil pae E. Grillou- ————-Précis d’Histoire du Béarn par JB Laborde
Le « Palot » apparait sur une carte dite de Cassini (XVIII siècle) ainsi que les principaux lieux dit. On remarque le tracé de l’ancienne route de Toulouse au sud de la route actuelle.
