L’organisation communale à Thil au XIIIème siècle

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Prud’hommes et consuls

  Contrairement à ce qu’ont voulu nous faire croire certains historiens romantiques, le moyen-âge ne fut pas une période d’oppression et d’iniquité. Dans le midi de la France, les communes jouissaient de franchises urbaines qui les apparentaient parfois à des républiques. Notre village était alors dominé par une assemblée de notables, les prud’hommes ( » probi homines « ), qui désignaient des consuls ou magistrats municipaux, en accord avec le viguier, représentant du seigneur. En 1221, ces consuls étaient renouvelés chaque année au moyen d’un ingénieux système : quarante boulettes de cire dont sept contenaient le mot  » consul  » étaient distribuées aux notables qui se trouvaient ainsi désignés par le sort. En 1301, le nombre des consuls est réduit à six.

Les coutumes

   L’application des coutumes orales posant parfois des problèmes d’interprétation, des chartes furent un peu partout accordées par les seigneurs dans le courant du XIIIème siècle ; ceux-ci obéissaient souvent à des motifs intéressés : repeupler les villages par l’octroi de franchises, faire relever des murailles abattues ou se concilier la faveur des habitants dans des occasions particulières. Ce fut le cas de Raymond Jourdain, seigneur de Thil et de Bretx dont un cousin, Othon de Terride, convoitait l’héritage. Ce fut lui accorda les premières coutumes écrites aux habitants de Thil et de Bretx en 1246.

 la Charte de 1246

Cette charte comporte un aspect pénal : les divers délits y sont frappés de sanctions : amendes pour fraudes sur la qualité, vol de récoltes, fausses mesures, coup et blessures, confiscation des biens pour adultère et les maléfices clandestins. Le viol est très sévèrement puni : qu’un homme qui a commis ce crime  » soit tenu de payer au seigneur 60 sols morlas ou bien de perdre les testicules « , mais ceci dans les cas les plus graves et encore faut-il que le délit soit bien établi, car si, ayant prêté serment, l’accusé n’avoue pas,  » qu’il soit absous du délit  »
L’aspect civil de la charte énumère les droits et devoirs réciproques du seigneur et des habitants ; les redevances annuelles sont souvent indiquées en nature : une poule, une conque d’avoine, un râble de porc. Le seigneur a aussi le droit à des journées de travail mais il est tenu de clore les alentours du château de Thil et de fournir des guetteurs et une garde, ceci conjointement avec les Thilois. Toutes ces choses, conclut la charte, ont été établies dans le château de Thil, le 27ème jour du mois de mai 1246, Louis étant roi de France et Raymond, comte de Toulouse. Les témoins en furent Guillaume de Auxio, chapelain de Thil, Pierre Anervis, chapelain de Bretx, Sicard Esquirol, soldat, Guillaume et Arnaud Bernard, clercs et Bernard Robert, notaire public à Toulouse.

Armoirie des Comtes de l'Isle
Armoirie des Comtes de l’Isle

   Dix ans plus tard en 1256, ces coutumes furent confirmées à l’occasion de l’avènement du nouveau seigneur, Jourdain IV de l’Isle, cousin de Raymond Jourdain, à l’intérieur de l’église de Thil.(1) Elles furent complétées par l’adjonction de quelques articles à l’avantage des Thilois ? Il est remarquable de constater que cette charte resta en vigueur jusqu’en 1789, l’acte de vente en 1788 de la seigneurie de Thil au comte d’Albis reprenant les mêmes termes. Elle perdura pendant cette période de 543 ans sans modifications essentielles, extraordinaire exemple de longévité pour nos contemporains habitués aux changements rapides.

Michel Comby

(1) Ce texte nous informe de l’existence d’une église à Thil en 1256, bâtiment dont nous ignorons tout, qui a précédé l’église actuelle.

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